Art et Science


Redshift n°0.20 Malevitch dialogue avec Takis

Labofactory - Anouk Daguin - Laurent Karst - Jean-marc Chomaz
Photo by Brigitte Cavanagh

Est-ce la dilatation de l’espace, ou bien la lumière qui finit par se souvenir que l’Univers à un âge ou bien qu’il n’en a plus ? Mais les ombres que nos corps portent sur les galaxies lointaines se décalent inéluctablement vers le rouge laissant sur nos silhouettes qu’une légère irisation de bleu. Comment retourner le temps pour éclairer l’Univers, étoile double de ton regard ? Le cri de l’absence contracte le vide. Les diaphanes lambeaux de nuit se mêlent aux vivants. Grandes voiles noires que le vent solaire gonfle, elles transforment le présent en une arche de fantômes.

L'installation Redshift n ° 0.20, Malevitch Dialogue avec Takis, est composé d'un carré blanc maintenu en lévitation par un aimant, rappelant l'utilisation du champ magnétique par Takis. La double lampe inventée au laboratoire projette une ombre, noire avec des irisations rouges et cyans. Le spectateur portant des lunettes 3D rouge et cyan perçoit l'ombre du carré blanc pas sur le mur mais comme un carré noir flottant dans l'espace à la même distance du spectateur que la distance de la lumière au carré blanc.

Lorsque le spectateur s’approche l'ombre noire se déplace devant lui et reste à la même distance au début devant le carré blanc, un peu de temps derrière. L'ombre du monochrome blanc est un monochrome noir dématérialisée, comme si la peinture de 1915 le carré noir à bords blanc de Malevitch était passé dans une autre réalité, entrainé par un invisible magnétique dans le sillage temporel du carré blanc peint trois ans plus tard. Ombre noire libérée du support sur lequel elle aurait dû se projeter, entrant dans l’abstraction ultime du retournement temporel.